Boris Wild est un magicien de renommée mondiale. Il parcourt le monde entier pour proposer ses spectacles de magie. De quoi enchanter les petits comme les grands. Aujourd’hui, il se confie à vous.
Il nous raconte son parcours hors norme.
Vous êtes célèbre dans l’univers de la magie. Pouvez-vous parler de votre passion ? Quel domaine préférez-vous ?
La magie est effectivement ma passion depuis les années 80s et j’ai la chance aujourd’hui d’en faire mon métier depuis presque 20 ans. Il existe de nombreuses disciplines dans la magie mais celle que je préfère est le close-up, c’est-à-dire la magie rapprochée qui se passe à quelques centimètres des yeux du public. Elle est pour moi celle qui a le plus d’impact sur les spectateurs, dont l’interactivité est omniprésente et qui demande le plus de rigueur de par sa proximité. De plus, elle est faisable n’importe où ce qui permet de pouvoir la présenter en toutes circonstances.
Comme tout à chacun, on commence forcément quelque part. D’où vous est venue cette passion pour la magie ? A quel âge avez-vous commencé vos tours?
J’ai commencé la magie à l’âge de 12 ans grâce à un ami de mon père qui m’a montré quelques tours de magie à la fin d’un repas. Je recherchais justement une activité extra-scolaire à ce moment-là et j’ai intégré un petit club de magie dans une maison de quartier du Nord de la France en banlieue de Lille. J’ai immédiatement attrapé le virus de la magie et quelques mois plus tard, je faisais ma première scène à l’occasion du spectacle de fin d’année de ce club. Je me souviens encore voir ma main trembler dans la lumière des spots mais j’ai senti que c’était ce que je voulais faire et que je voulais ressentir ce bon stress le reste de ma vie.
Vous voyagez à travers le monde entier pour vos spectacles. Quel a été le souvenir le plus marquant? Le pays où vous préférez performer?
J’ai en effet la chance de voyager dans le monde entier grâce à la magie, notamment aux USA qui est certainement le pays où je me rends le plus souvent et où je préfère performer. Les Etats-Unis sont le pays de « l’entertainment » et le public américain fait partie des meilleurs au monde. Un de mes souvenirs les plus marquants là-bas est quand je me suis produit pour la première fois au célèbre « Magic Castle » à Hollywood qui est le club privé le plus prisé de Los Angeles et la Mecque de la magie mondiale. S’y produire au moins une fois est le rêve de tout magicien sur Terre et je me souviens parfaitement de la sensation que j’ai éprouvée derrière le rideau avant d’entrer en scène la toute première fois. J’ai repensé à tout le travail accompli et le chemin parcouru depuis la maison de quartier du Nord de la France pour en arriver là. Ce sentiment d’accomplissement artistique fut incroyablement fort. Depuis, j’ai présenté plus de 200 shows là-bas et cela reste mon endroit préféré dans le monde pour y présenter ma magie.
Sur le net, on peut découvrir de nombreux tours que vous réalisez. D’où vous vient toute cette inspiration? Comment élaborez-vous vos nouveaux close-up?
L’inspiration vient de tout autour de moi : un objet dans une boutique, une musique ou une situation dans laquelle on se dit : « Que ferait un magicien dans un cas comme celui-là ? ». Mais ma source d’inspiration préférée est le cinéma. Il y a beaucoup de magie dans les films quand on regarde bien, même si elle n’est pas identifiée comme telle. Je suis un grand fan de Tim Burton par exemple et son univers est très inspirant. Mes nouveaux effets magiques ont souvent comme point de départ un rêve ou une vision de quelque chose d’impossible. Il faut alors travailler cet effet en réfléchissant du point de vue du public en terme d’impact, de surprise, de mise en scène, d’histoire, d’esthétique… Le processus est parfois long et complexe. Le numéro avec lequel j’ai été primé aux Championnats du Monde de Magie m’a demandé trois ans de travail et sa suite a nécessité cinq ans d’élaboration, à chaque fois pour des numéros de moins de dix minutes. Mais c’est ainsi qu’on arrive à un numéro original et unique qui fait qu’on vous demande à l’international car personne d’autre n’a quelque chose d’équivalent.
La magie intrigue depuis des décennies. Les médias s’en emparent de plus en plus. Les films Insaisissables, le prime Diversion sur TF1, les émissions de révélation, etc. Pensez-vous que toute cette médiatisation à un effet néfaste sur les grands secrets de la magie?
La médiatisation de la magie est une bonne chose pour celle-ci dans la mesure où elle est faite avec respect de l’art. Une émission comme Le Plus Grand Cabaret du Monde sur France 2 dans laquelle j’ai eu la chance d’apparaître plusieurs fois en est un bon exemple. La magie est montrée sous ses différentes formes et l’artiste est très bien mis en valeur dans ce qui est certainement la plus belle vitrine médiatique aujourd’hui. Le mauvais côté de cette médiatisation vient plus d’émissions comme celles du « Magicien Masqué » en effet, mais aussi et surtout aujourd’hui de sites internet ou chaînes Youtube spécialisées dans la révélation de secrets dans le seul but de faire du « clic » et d’engranger des recettes publicitaires au mépris de l’éthique de ce métier. La médiatisation de la magie via l’initiation à des effets simples peut créer des vocations et donner envie notamment aux plus jeunes de s’intéresser à cet art pour éventuellement faire carrière un jour mais l’accès aux secrets de tours plus élaborés dont la plupart sont de toute façon protégés par des droits d’auteur ne peut être libre et gratuit sous peine d’être effectivement néfaste à toute la profession.
Vous avez gagné de nombreux trophées tel que le Merlin Award de la Magie de close-up la plus originale en 2009. Avez-vous de nouveaux objectifs, de nouveaux concours en vue ?
Les prix que j’ai remportés notamment aux Championnats de France et du Monde ont permis de me faire connaître et de lancer ma carrière. Par la suite, j’ai eu l’honneur de faire partie du jury de close-up des Championnats du Monde de Magie FISM et même d’en être le président il y a quelques années à Pékin pour désigner le nouveau Champion du Monde. Je n’ai donc plus d’objectifs de concours aujourd’hui mais suis régulièrement membre du jury dans des compétitions magiques internationales sur les cinq continents. Ayant été concurrent, je sais exactement ce que l’on peut ressentir dans de telles circonstances et cela me permet de juger les magiciens en connaissance de cause sur la base des milliers de numéros que j’ai pu voir dans ma vie. C’est une tâche difficile mais intéressante car je sais en plus que les résultats de ces concours peuvent lancer des carrières, comme ça a été le cas pour moi.
Quel conseil souhaiteriez-vous donner à la nouvelle génération de magiciens ?
Ne jamais oublier que la magie est un art et qu’elle doit être traitée comme telle. En tant que magicien, notre but n’est pas de présenter des tours mais de la magie qui soit la plus proche possible de ce qu’elle serait s’il n’y avait pas de « truc » comme on dit. Faire en sorte que les spectateurs ressentent de véritables émotions face à un effet magique de la même façon que lorsqu’ils lisent un livre, regardent un film ou admirent une œuvre. Beaucoup de jeunes magiciens ont tendance à se concentrer uniquement sur la technique mais la magie va bien au-delà de cela. Certes, tout comme un pianiste, il faut connaître ses gammes et maîtriser la technique mais elle n’est pas une fin en soi car tout l’intérêt d’un effet magique est de ne voir aucune technique mais de ressentir une émotion liée à l’étonnement et à l’impossible.
Les interviews d’Eric pour
l ‘Evènementiel.com